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Chaque seconde, 29 Tera-octets de données sont générés dans le monde. Les données échangées sont issues de multiples sources telles que le web, les vidéos, les images, les emails, les enregistrements de transactions d’achats en ligne, les signaux GPS… Ces volumes vertigineux de données sont engendrés par nos actions numériques quotidiennes. On parle alors de « mégadonnées », communément appelées « big data ». Le concept du big data est simple : il s’agit de collecter et utiliser des données massives au sein de systèmes intelligents, capables d’établir des prédictions et de proposer des espaces d’optimisation. Ainsi, les big data font l’objet d’avis divergents : si pour les professionnels, elles constituent une vraie opportunité, les consommateurs, eux, redoutent une véritable faille quant à la protection de leur vie privée. Ces doutes se transforment rapidement en idées reçues qui faussent le débat. Nous allons donc analyser quatre de ces préjugés.
1- Les big data ne sont qu’un outil marketing
Les applications les plus répandues sont étroitement liées au traitement des données personnelles par les grands acteurs d’Internet, puisque leurs revenus sont majoritairement issus de la publicité, explique
Simon Ouellet, co-fondateur de
MiniBig, entreprise spécialisée dans le commerce de détail d’ordinateurs et de logiciels. Aujourd’hui, on constate que la focalisation des médias sur ce point a favorisé le scepticisme du grand public, à tel point que les big data sont parfois perçues comme des techniques de manipulation, voire d’espionnage généralisé. Cependant, les emplois des big data sont divers et ne se cantonnent pas au marketing mais interviennent aussi dans d’autres domaines tels que la médecine ou les administrations publiques.
2- Les big data signent définitivement la fin de l’anonymat
Avec les big data, chacun se retrouve plus facilement épié et fait face au regard de la communauté. Les spécialistes préconisent aujourd’hui de former les jeunes à ne pas se laisser emporter dans les pièges de cette surveillance globale. Ces derniers s’accordent à dire qu’il est important de réguler ces processus afin d’éviter des dérives ainsi qu’un trop fort degré d’intrusion. C’est pour cela que se développe cette notion de « droit à l’oubli » dans le domaine numérique. Le but est ainsi de protéger la vie privée des personnes.
3- Les big data s’adressent aux grandes entreprises
Arnaud d’Hoop, cofondateur d’Instore.digital, une start-up utilisant les big data, rappelle dans un article publié dans Les Echos, qu’elles représentent un potentiel économique énorme pour les dirigeants d’entreprise qui les utilisent. Mais le fait que les big data soient perçues comme un outil réservé aux grands groupes est également dû à la très grande médiatisation de leur usage par les géants du Web. Toutefois, ces techniques se répandent très rapidement et tendent à se démocratiser. Pour les professionnels, cette idée reçue s’explique par un décalage entre l’essor d’un nouveau modèle et certains directeurs des systèmes d’information (DSI) peu habitués à ce dernier et encore trop timides pour l’approuver et l’utiliser. L’image des big data est ternie par des atteintes à l’éthique : en conséquence, les experts prônent la transparence complète de la part des entreprises afin d’améliorer la situation.
4- Les big data et la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) sont incompatibles
La transformation de la sphère digitale peut en réalité permettre le développement d’œuvres sociales dans le monde entier. La supply chain constitue souvent la source principale de création de déchets environnementaux au sein des entreprises. L’utilisation des big data permettrait de la rendre plus prévisible, ce qui se traduirait par une gestion en temps réel des besoins de l’entreprise. De cette manière, la supply chain est plus efficiente, moins coûteuse mais aussi moins polluante et plus économe en énergie. D’autre part, les big data peuvent améliorer le management organisationnel. En analysant les évolutions des marchés ainsi que leurs mutations internes, les entreprises pourront alors prendre des décisions plus justes et plus rapidement. D’un point de vue environnemental, le traitement de ces données de masse permettrait de mieux cerner leur impact et d’agir de manière plus efficace.
Les big data constituent indéniablement une révolution sans précédent, ce qui légitime les nombreux questionnements du grand public. Devant ce nouvel outil qui apparait comme massif, voire incontrôlable, les craintes se multiplient. Certaines d’entre elles sont amplifiées, d’autres injustifiées. Cependant, la focalisation constante sur les points négatifs en fait presque oublier l’existence de ses avantages. Certes, le traitement des données sert sans aucun doute les grandes entreprises et les services marketing, mais derrière cette vitrine se cache un emploi beaucoup plus large que nous avons tendance à oublier. De nos jours, par exemple, l’environnement est devenu un des enjeux internationaux majeurs et les big data représentent une des pistes d’amélioration. L’urgence environnementale arrivera-t-elle à surpasser les craintes liées aux big data ? La question reste pour l’heure en suspens.
Rédigé par Nicolas Tete – Chargé de Développement Commercial
(Source Image : Google Images)