Après 448 jours sans une baisse de plus de 3% à Wall Street, le Dow Jones accuse le coup : – 4,6% ce lundi 05 février 2018. Le NASDAQ quant à lui chute de 3,8%. Pour certains spécialistes, nous venons d’assister à un mini krach boursier, pour d’autres, il ne s’agit que d’une simple respiration de marché.
Alors, mini krach ou correction de marché ?
La chute brutale des indices américains de lundi dernier a entraîné un mouvement baissier sur l’ensemble des marchés financiers : Le NIKKEI recule de 4,73% et le CAC 40 de 2,35%.
Tout d’abord, selon les chiffres du mois de janvier, l’augmentation des salaires aux États-Unis serait sur une base annuelle de 2,9% .
Cette forte inflation a entrainé un mouvement haussier sur le 10 Year US qui a atteint un palier à 2,88% en début de semaine.
L’augmentation des taux d’intérêts à long terme aux États-Unis a provoqué une chute des marchés d’actions. En effet, vu les taux, on constate une prise de bénéfice d’une majorité d’acteurs du marché et donc une forte dynamique de vente.
Second aspect, l’éclatement de la bulle sur les ventes de volatilité. Bien qu’elle soit souvent considérée comme réservée aux professionnels des marchés, les particuliers investissaient de plus en plus dans des produits misant sur un VIX stable et bas. Et c’est probablement cette panique acheteuse sur la volatilité qui a provoqué cet éclatement.
Alors que sa moyenne historique se situe vers 19, on enregistrait un VIX à 50 mardi 6 février 2018.
Dernier élément à prendre en compte, l’euro particulièrement fort avec des pics à 1,25 sur l’EUR/USD et une stabilisation vers les 1,22 / 1,23.
Les États-Unis continuent de s’endetter, le gouvernement mène donc une politique du dollar faible afin de favoriser les exportations. Mais cela n’est pas sans conséquences sur les marchés. Et pourtant, Steven Mnuchin a annoncé qu’il était « prêt à laisser courir le billet vert ».
De plus, les politiques des banques centrales ne devraient pas bouger pour le moment. La BCE avait prédit que pour un EUR/USD a 1,17, l’inflation serait aux alentours des 1,7% aux horizons 2020. Les calculs montrent qu’une hausse de 10% de la valeur de la monnaie engendre une diminution de l’inflation de 20 à 40 bp. À ce rythme-là, la BCE risque de revoir à la baisse ses prévisions et pourrait annoncer le maintien de sa politique ultra accommodante.
Nouvelle correction jeudi 8 février avec à nouveau de fortes baisses sur les marchés américains et européens : – 4,15% pour le Dow Jones, – 3,9% pour le NASDAQ, – 1,98% pour le CAC 40 et – 2,62% pour le Dax.
Suite au mouvement des marchés actions, le 10 Year US a suivi la tendance baissière, avant de remonter sur le niveau intéressant de 2,88% et, à l’instar de lundi, de provoquer une correction des marchés actions.
À présent, la crainte générale pour Wall Street est la récession.
On sait que les tensions salariales entrainent une hausse des prix, et que si les prix s’envolent trop, la FED va freiner l’économie. Nous traversons donc une phase de recalibrage du risque.
Mais les analystes restent positifs pour la suite. « Les fondamentaux sont bons » affirment-ils tous. L’environnement macro-économique reste excellent.
Le mois de février est animé par la publication des résultats annuels des entreprises.
Pour la France on retiendra notamment Total qui revoit ses objectifs à la hausse et annonce une augmentation de 10% du dividende, ou encore LVMH qui annonce une croissance organique de 12% sur l’ensemble de l’exercice 2017, soit deux fois plus que la trajectoire du marché mondial du luxe dont la progression est estimée environ à 6%.
Les résultats positifs des entreprises permettent un support à très court terme sur le marché action mais à l’image du titre LVMH, cela n’est pas durable.
Complétons ce focus sur le marché français avec l’analyse technique, il semblerait que nous soyons actuellement sur une vague A B C . Cependant, même si on ne sait pas si la correction est terminée, l’hypothèse dans le cas où le CAC diminuerait encore, serait de dire qu’il semble peu probable qu’il descende en dessous des 4750 points. En effet, suite à sa clôture vendredi à 5079 points, le prochain point pivot semble être 4980, puis 4750. En dessous de cela, on trouve les moyennes de prix et si on se souvient bien, en 2016, alors que l’environnement macro-économique était agité par le Brexit, l’élection de Donald Trump et la banque centrale Chinoise, le CAC a rebondi une vingtaine de fois sur ces moyennes de prix, sans jamais casser le niveau. Cette résistance semble très solide pour les analystes.
Pour conclure, malgré cette baisse de 10% des indices américains depuis le 26 janvier 2018, la baisse générale des marchés européens, l’augmentation des taux d’intérêts américains, du VIX et donc de la nervosité, il faut garder à l’esprit ce que disait Janet Yellen avant sa passation de présidence à Jérôme Powell, « les marchés sont surévalués ».
Ainsi, on peut qualifier ce qu’il s’est passé cette semaine de correction.
Il est très clair que les investisseurs et professionnels des marchés vont devoir ré-appendre à vivre avec une plus grande volatilité.
Par Louison Bazantay, Chargé de Développement Commercial International à Skema Conseil Nice