L’insertion par l’activité économique (IAE) a pour mission de permettre aux personnes éloignées de l’emploi de bénéficier d’un accompagnement personnalisé dans le but de favoriser leur insertion professionnelle. Fin 2017, les différents types de structures d’insertion par l’activité économique (SIAE) employaient au total 136 000 salariés.
QU’EST-CE QUE L’INSERTION PAR L’ACTIVITE ECONOMIQUE ?
Les structures d’insertion par l’activité économique les plus répandues sont les Ateliers et Chantiers d’Insertion (ACI). Ils emploient 49% des salariés en IAE et ont pour rôle d’accueillir les personnes rencontrant des difficultés sociales et de les accompagner à travers un processus de retour à l’emploi. Les personnes travaillant dans les ACI présentent des parcours de vie souvent difficiles et sont éloignés de l’emploi. Il s’agit de jeunes en situation de décrochage scolaire, de chômeurs de longue durée ou encore de personnes en situation de handicap. Leur nombre serait de deux millions selon le « Pacte d’ambition pour l’insertion par l’activité économique » remis à Madame Muriel Pénicaud (Ministre du Travail) en septembre 2019.
Les ACI réalisent un accompagnement socio-professionnel complet articulé autour d’une alternance entre un travail en entreprise et des formations visant à rendre l’insertion sociale moins difficile pour ces travailleurs. D’un côté, l’activité professionnelle a pour but de familiariser les salariés au monde du travail et au respect de ses contraintes (ponctualité, règles de sécurité, travail en équipe). D’un autre côté, la formation et le suivi individualisé des travailleurs permettent de combler les lacunes freinant leur retour à l’emploi. Ils bénéficient de cours de remise à niveau en français et en informatique, d’aide pour la réalisation de tâches administratives, mais également d’un accompagnement dans l’élaboration d’un projet de vie.
Au terme de cet accompagnement, les travailleurs ont recréé un lien social, amélioré leur savoir-être et retrouvé une estime de soi par le biais des compétences développées. Ils sont devenus ou redevenus plus employables sur le marché de l’emploi traditionnel.
UN MODELE FRAGILISE PAR DES FACTEURS STRUCTURELS
Les ACI rencontrent des fragilités internes les rendant d’autant plus vulnérables lors de situations de crise comme celle que nous traversons aujourd’hui.
La première source de fragilité est juridique. Afin de garantir le caractère social des ACI, l’État a fixé dans les années 1990 une limite de chiffre d’affaires pour ces structures. En effet, ce dernier ne doit pas excéder 30% de leur budget global. La majorité des financements doit donc provenir de dotations publiques. Confrontées à la diminution perpétuelle des financements publics, les ACI doivent opérer avec des budgets restreints et une marge de manœuvre limitée. Par conséquent, ces structures sont contraintes d’accueillir moins de travailleurs ou de se spécialiser dans des activités plus simples qui requièrent moins d’encadrement.
La seconde fragilité découle de la première : une mono-activité dans des secteurs peu dynamiques qui ne sont aujourd’hui plus en mesure d’absorber le flux de ces travailleurs en insertion. Il s’agit de secteurs plébiscités par ces structures car ils sont peu coûteux en termes de formation et d’encadrement, comme mentionné précédemment. En 2018, selon une étude de la DARES (Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques), la majorité des ACI opérait dans moins de deux secteurs d’activité différents. Et toujours selon la même étude, 40% des salariés en ACI travaillent dans l’entretien des espaces verts et 18% d’entres eux dans la propreté urbaine ou industrielle.
LA CRISE DU COVID-19
La situation actuelle, dont notamment l’instauration du confinement, a fortement impacté ces personnes en situation déjà précaire. Même si de nombreux français ont été professionnellement impactés par le confinement, cela a été une réelle rupture dans la continuité de l’accompagnement de ces travailleurs en insertion. Ils réalisent principalement des métiers ne pouvant s’exercer en télétravail et ils se sont donc retrouvés désœuvrés. Les ACI concernés n’étaient donc plus en mesure de remplir leurs missions, ou seulement partiellement pour ceux qui pouvaient encore dispenser des formations.
Le manque de financement qui a poussé les ACI dans les spécialisations que nous avons citées auparavant les a rendus plus vulnérables à la conjoncture. Il est donc primordial pour ces structures de repenser leur modèle économique pour être moins dépendants du contexte global. Cela passe à la fois par une réflexion sur les moyens de se financer différemment, mais également par une diversification de leurs activités.
QUELLES ACTIONS PLANIFIER DANS CE CONTEXTE ?
Fort de son engagement en Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) et des enseignements suivis au sein de Skema Business School, Skema Conseil accompagne depuis plusieurs années des structures d’insertion par l’activité économique (IAE). Nous les accompagnons principalement dans une réflexion sur leur modèle économique en les aidant notamment à diversifier leurs sources de financement. Dans un second temps, nous dénichons pour elles des secteurs d’activités porteurs afin d’accueillir les salariés d’ACI et nous essayons de développer leurs relations avec des entreprises traditionnelles opérant sur ces secteurs.
Turbin Thomas et Pichon Valentine, chefs de projet chez Skema Conseil, antenne de Lille.