Si l’existence d’inégalités salariales entre les hommes et les femmes a déjà été largement mise en lumière et critiquée, les mesures et normes paritaires qui devraient en résulter semblent longues à venir. Depuis quelques années maintenant, la volonté de garantir l’égalité hommes-femmes en termes de salaires alimente le débat. Les dénonciations sont nombreuses et les femmes tentent de faire entendre leur voix. Pour dénoncer ce phénomène, en octobre 2016, des milliers d’islandaises ont cessé le travail à 14h38, heure à partir de laquelle elles travaillent « bénévolement », leurs salaires étant de 19% inférieurs à celui des hommes, selon l’Observatoire des Inégalités. Il souligne également que plus il s’agit de postes à responsabilité avec un haut niveau de rémunération, plus les écarts de salaires sont importants. Ce phénomène s’explique notamment par une représentation féminine plus faible que celle des hommes chez les cadres.
En plus d’être difficilement acceptables, ces inégalités forment une véritable perte économique. D’après une étude de la Fondation Concorde, un think thank économique français, ce sont chaque année 62 milliards de dollars et 0,16 point de pourcentage de croissance qui sont perdus à cause de ces écarts. Mais pourquoi cette perte économique ? Pourquoi opter pour une stricte égalité entre les hommes et les femmes en termes de salaires serait plus rationnel économiquement ?
Tout d’abord, cela engendrerait une hausse des recettes fiscales puisque davantage d’impôts sur le revenu engendre plus de cotisations patronales, mais aussi plus de TVA. Ensuite, appuyons-nous sur les mécanismes keynésiens ; À l’échelle macroéconomique, le passage à une stricte égalité entre les salaires des hommes et des femmes augmenterait le revenu global des femmes à l’échelle nationale. Ce sont environ 28 milliards d’euros en plus qui seraient injectés dans les ménages français, d’après l’étude de la Fondation Concorde. Cette hausse des salaires engendrerait par la même occasion une hausse de la consommation, donc une hausse de la demande à laquelle l’offre finira par s’ajuster. Le gain résultant est donc double : la hausse de la consommation entraîne une hausse de la TVA ainsi qu’une hausse de la production nationale.
De fait, même si les entreprises doivent faire face à une hausse des salaires et à des cotisations sociales dans un premier temps, ce qui constitue une charge financière supplémentaire, cette contrainte serait largement compensée au bout de quelques années par cette hausse de la demande globale.
Au vu des gains énormes qui résulteraient de cette égalité, la loi pourrait se montrer plus solidaire des femmes en accompagnant cette dynamique en faveur de l’équité salariale. La législation actuelle est souvent incitatrice en matière de lutte contre les inégalités de genre et une potentielle piste de réfléxion serait d’opter pour des mesures récompensant les entreprises respectant l’égalité des revenus et sanctionnant celles qui ne les respectent pas. Dans une période où les pouvoirs publics cherchent sans cesse à rentabiliser et à économiser, pourquoi ne pas initier un processus de justice salariale entre les hommes et les femmes, financièrement et humainement intéressant ?
Tachons cependant de ne pas oublier que le problème des inégalités salariales ne représente que la partie émergée de l’iceberg. Les inégalités de genre sont plus larges et étendues à bien d’autres domaines : violences conjugales, dépendance, tâches domestiques… Dans cet environnement difficile, Skema Conseil donne tout son soutien aux femmes victimes de ces inégalités. Mais avant tout, Skema Conseil soutient la dynamique qui tend à favoriser l’équité salariale et l’égalité des chances pour permettre aussi bien aux femmes qu’aux hommes d’avoir accès aux postes auxquels ils aspirent.
Sabourault Paul, responsable Audit&Qualité chez Skema Conseil, antenne de Paris.