L’époque où les Directeurs des Ressources Humaines (D.R.H.) devaient trier des centaines de CV est aujourd’hui révolue. Désormais, c’est une application qui se charge de les trier grâce aux différents mots-clés (« formations », « compétences » par exemple). De quelle manière le digital bouleverse-t-il la gestion des Ressources Humaines ?
Aujourd’hui, la sélection se fait de plus en plus sur les softskills des candidats grâce aux Big Data. En corrélation avec la révolution digitale, les entreprises sont à la recherche de nouveaux talents qui sauront s’adapter aux contraintes croissantes : l’international ou l’ouverture sur les environnements sociétaux notamment. Le DRH peut ainsi définir un profil-type en fonction de ses attentes pour un poste en particulier et grâce à cette sélection, se consacrer uniquement à la personnalité du candidat lors de l’entretien final. Cette nouveauté représente aussi un gain de temps non négligeable pour les candidats : ces interfaces sont facilement accessibles et utilisables.
Bien au-delà de cela, c’est la fidélisation des salariés qui est importante : être capable de suivre le parcours de ces derniers au sein de l’entreprise à différentes échelles.
Le Système d’Information des Ressources Humaines (S.I.R.H.) permet d’y voir plus clair sur la structure des effectifs et des rémunérations et plus particulièrement le DRH peut suivre les congés des salariés, le pourcentage de CDD ou le taux de féminisation.
Cependant, la question actuelle du Règlement Général sur la Protection des Données (R.G.P.D.) est au centre des préoccupations du DRH : jusqu’à quel point doit-on collecter des informations sur le candidat ? En effet, le développement de l’utilisation des nouvelles technologies au travail peut faire craindre une surveillance systématique.
De plus, la place de l’être humain dans le processus de recrutement est remise en cause : d’une part, toutes les applications utilisées ne sont pas capables de déterminer l’état d’esprit d’un salarié à un instant T et de déceler un mal être potentiel, seul l’humain le peut. D’autre part, recruter grâce à des applications est certes avantageux mais fait courir le risque à une entreprise de passer à côté de candidats qui pourraient se révéler par la suite nécessaires en évoluant au sein de l’entreprise. Quoi de mieux finalement qu’un humain pour déterminer avec plus de justesse et de précision le candidat idéal grâce à l’expérience du métier ?
Enfin, la révolution digitale est en train de transformer la vie des entreprises et ce n’est que le début : demain, plus besoin d’un CV pour se démarquer des autres, toutes les traces que nous laissons sur Internet seront analysées par des robots pour nous attribuer notre poste idéal. Dès lors, il conviendra de se demander quelle sera la place de l’humain dans le digital ?
Clara ISNARD, Secrétaire Générale et Responsable des Ressources Humaines chez Skema Conseil Lille