Lorsque la Chine déclarait le premier cas de Coronavirus le 17 novembre 2019 peu de personnes s’attendaient à ce que le monde entier se retrouve immobilisé par ce virus. Aujourd’hui, économistes ou scientifiques parlent d’une nouvelle crise mondiale. Dans cette dynamique, afin de limiter la propagation du virus, de nombreux pays ont dû fermer leurs frontières et adopter des procédures strictes afin de limiter les déplacements. Cependant, les entreprises sont plus particulièrement affectées par le COVID-19. Près de 13 ans après la crise des Subprimes en 2007, les entreprises du monde entier parvenaient à peine à retrouver leur santé économique et pouvaient commencer à envisager un avenir prospère pour les décennies à venir
Il n’en est rien désormais puisque suite au Coronavirus, l’économie mondiale est aujourd’hui à l’arrêt. Même les grands groupes industriels comme Renault, PSA, ou encore Michelin ont récemment annoncé la fermeture de leurs usines. En effet, l’industrie automobile est sévèrement touchée par cette crise mondiale et affronte « la crise la plus grave de son histoire » comme l’a mentionné Eric-Mark Huitema, le directeur général de l’Association des constructeurs automobiles européens (ACEA).
En effet, il y a l’arrêt des chaînes de production de voitures dans le monde, et de l’autre côté il y a la démotivation de la population à acheter une nouvelle voiture. De nombreuses personnes revoient leur ordre de priorité. En outre, l’achat d’une voiture devient une consommation plus que superficielle. Les économistes expliquent que ces deux facteurs – consommateurs confinés et concessions fermées – pourraient entraîner une chute des ventes comprise entre 15% et 25%. En France, les ventes de véhicules particuliers et utilitaires neufs ont chuté de 70,9 % en mars, d’après les données du Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA).
La Chine constituant le premier marché mondial voit ses transactions chuter de 79,1 % en février, a précisé l’Association chinoise des constructeurs automobiles (CAAM). Même si en 2008, l’industrie automobile mondiale avait connu un fort déclin, ce n’est rien comparé à celui que nous traversons actuellement. La particularité de 2009, c’est que certains marchés de niche permettaient de sauver la demande, or – à cause du confinement – ce n’est pas le cas aujourd’hui.
La préservation de l’environnement fait partie des enjeux actuels de la mondialisation. De nombreuses normes et règlementations sont entrées en vigueur ces derniers temps, autant à l’échelle européenne qu’à l’échelle française avec par exemple l’augmentation de la taxe sur les émissions de carbone. Ceci est un moyen de réduire la pollution et les concessionnaires en sont conscients. Ainsi, depuis quelques années nous pouvons observer un essor des « véhicules éclectiques » qui prennent le relais des moteurs thermiques que nous avons connus jusqu’à présent. La transition vers le véhicule électrique demande des investissements colossaux aux concessionnaires.
Cependant, tous les groupes automobiles ont reçu la même directive de survie : supprimer toutes les dépenses non dispensables. Alors le passage à l’électrique est-il remis en cause ? C’est une question que soulèvent les économistes mais qui demeure prématurée à l’heure actuelle pour pouvoir y apporter une réponse sensée. D’ailleurs un témoignage de Luc Chatel, président de la PFA (La Plateforme Automobile), qui s’exprime à ce sujet : « L’automobile est touchée des disruptions simultanées. Le passage à l’électrique, révolution technologique pour répondre au défi climatique et aux normes européennes en matière de CO2. La révolution numérique qui va faire de l’automobile l’objet connecté le plus intelligent et aboutira au véhicule autonome ».
Avec la grande majorité de la population en confinement il a été observations sur le carburant qui voit ses ventes diminuer de 80% sur les dix derniers jours de mars ainsi que sur les cours du pétrole qui ont baissé de moitié en un mois. Le recul sur le diesel est de 75 % par rapport à la même période de l’an dernier, selon des données du Comité professionnel du pétrole (CPDP). Pour l’État, déjà affaibli par le ralentissement de l’économie et les subventions accordées, ce sont d’énormes rentrées d’argent en moins. En effet, les taxes sur l’essence et le diesel représentent 60 % des prix à la pompe. Sur un mois, l’État perd 2,7 milliards d’euros.
Par ailleurs, le sport automobile est également affecté par la crise puisque les 24 heures Du Mans qui devait se tenir les 13 et 14 Juin 2020 ont été reportées – pour la deuxième fois de son histoire – au samedi 19 Septembre 2020 ; cela s’étend jusqu’aux rassemblements automobiles puisque les organisateurs du Salon de Genève ont récemment annoncé son annulation.
Tout d’abord, de nombreux groupes parlent de réorientation. Comme en économie de guerre, les fabrications de gros industriels sont redéfinies. Un consortium mené par Air Liquide implique les grands acteurs automobiles pour fabriquer des respirateurs : ingénierie développée par Renault, assemblage du bloc central par Peugeot, joints faits par Michelin, logistique d’achat et d’industrialisation par Valeo. Objectif : 10 000 respirateurs d’ici mi-mai. Toutefois, cette activité ne représente même pas 0,5 % de la production normale de ces géants de l’automobile…
Par ailleurs, les spécialistes expliquent qu’une relance possible pourrait s’effectuer à condition que certains groupes fusionnent ou effectuent des partenaires. En effet, “Il va être difficile de continuer à exister avec un chiffre d’affaires de 20 milliards d’euros. De tels groupes ne pourront pas rester seuls”, expliquait il y a peu un spécialiste de l’automobile à L’Usine Nouvelle.
« Dans l’électrique, 75 % de la chaîne de valeur est en Asie. Il faut ramener de la production et de la création de valeurs en Europe et en France, et cela ne concerne pas que les batteries. Il est indispensable que l’achat de voitures électriques ou hybrides donne droit à de vrais bonus. L’électrique a décollé dans les pays comme la Norvège, où les consommateurs ont été aidés. ». En effet, là où certains expliquent que les groupes automobiles doivent supprimer leurs dépenses non vitales, Luc Chatel insiste sur l’investissement en faveur de l’électrique… Reste à savoir quels plans de relance les grands groupes automobiles adopteront ces prochains mois pour parvenir à sortir de cette crise.
Tandis que l’industrie mondiale cherche des solutions “Les indicateurs en temps réel montrent que la Chine redémarre son complexe industriel”, ont déclaré les analystes de Sanford C. Bernstein dans une note du mardi 24 mars 2020. “Il est clair que le redémarrage n’en est qu’à ses débuts, mais les choses s’améliorent progressivement”. Par ailleurs, la reprise de la deuxième plus grande économie du monde va apporter un soulagement dans les mois à venir, aux fabricants qui ont fermé de nombreuses usines pour cause de pénurie de pièces et pour protéger la santé des salariés.
Ainsi, d’après une étude réalisée par Ipsos – entreprise de sondages française – nous pouvons voir que le virus a marqué la population locale et de ce fait a contribué à changer leurs habitudes de consommation notamment en ce qui concerne leur achat automobile. De plus en plus de personnes ont des craintes quant aux transports en commun et expliquent que l’achat d’une voiture est plus sûr pour les déplacements : 66% veulent acheter une voiture dans les moins de 6 mois.